
Avant-propos
* En admiration de la résistance héroïque des valeureux combattants du Hamas.
* À la mémoire des dizaines de milliers de martyrs palestiniens massacrés, de sang-froid, par la redoutable machine de guerre israélienne.
* En dénonciation du comportement honteux de beaucoup de chefs d’Etat arabes que l’Occident et Israël ont transformés en gardiens avilis et zélés de leurs intérêts au détriment de l’honneur et de la dignité de la nation arabe.
* En s’inclinant devant le professionnalisme et l’effort exceptionnel d’Al Jazira qui, en couvrant à chaque instant, en direct, la cruauté et l’inhumanité de l’armée israélienne à Gaza, a mis chaque arabe et chaque musulman devant ses responsabilités. Plus personne ne peut dire : Je ne savais pas.
* En s'élevant avec force contre toute instrumentalisation politique de la religion, dans le cas d'espèce, les Accords d’Abraham.
* En rappelant aux gouvernants arabes que la mort peut frapper à tout moment avec, à jamais, la fin du pouvoir et des honneurs. Devant le Souverain Juge, tous les actes de la vie ici-bas seront passés au crible avec une sentence sans appel : Le Paradis ou l’Enfer. Pour l’éternité.
* Dans la guerre asymétrique que livre Israël à Gaza, des images m’ont profondément bouleversé. Des images inouïes qui m’ont marqué comme au fer rouge. Ces images, je n’arrive pas à les chasser de mon esprit. Tel l'œil de Caen, je les revoie toujours avec la même acuité malgré le temps qui passe.
Il s’agit de ces enfants palestiniens, squelettiques, rongés par la faim. Des morts-vivants qui n’ont plus que la peau sur les os. Les yeux exorbités, le regard éteint, recroquevillés en position fœtale, leurs os, décharnés, apparaissent distinctement, les uns après les autres, comme sur un cliché de radiologie. Un crève-cœur qu’on ne peut soutenir du regard.
Cet avant-propos terminé, venons-en maintenant au vif du sujet.
Exposé préliminaire
Pour bien comprendre les ressorts qui sous-tendent les guerres entre arabes et israéliens, un recadrage historique s’impose.
La suprématie militaire et la domination, pour le moment, de l'État hébreu est dans l’ordre des choses. On peut se perdre en conjecture sur les victoires ou demi-victoires d'Israël au Proche et Moyen-Orient. On peut s'émerveiller devant les opérations d'éclat du Mossad ou du professionnalisme et de l'efficacité des pilotes de l’aviation israélienne. Il s’agit là de séquences de guerre spectaculaires certes, mais néanmoins éphémères dans la durée. Car la mécanique inexorable du temps les effacera, immanquablement, de la mémoire collective.
Pas de méprise. Le destin de l’Etat d'Israël a été, déjà, scellé par les Ecritures saintes. La disparition de l’entité sioniste est évoquée, explicitement aussi bien dans le Coran, la Bible que dans l’Evangile.
A ce sujet, une remarque qui pourrait, à première vue, paraître surprenante. Les victoires ou demi-victoires d'Israël dans le contexte actuel sont, pour l’observateur averti, des opérations en trompe-l'œil. Elles n’assurent pas, dans la durée, une domination pérenne de l’Etat hébreu sur ses voisins. Loin s’en faut. La Sentence divine à ce sujet est sans appel.
Mais revenons à cette confrontation militaire entre les protagonistes dans la sous-région.
Outre un déséquilibre flagrant dans les rapports de force très largement en faveur d’Israël, les succès militaires de l’entité sioniste sont, en grande partie, dus à l’impréparation, à la négligence, à l’amateurisme et à la corruption endémique qui gangrène la plupart des régimes arabes.
Pour mener leurs guerres avec ces lots d'exactions et de crimes, Israël s’appuie sur les plans militaire, diplomatique et financier sur l’Occident avec, au premier chef, les Etats-Unis. Des pays connus, en général, pour leur aversion pour l’islam(1) et dont la solidarité agissante et inconditionnelle envers l’Etat hébreu n’a jamais été prise à défaut.
L’engagement militaire direct des américains aux côtés des israéliens lors de la guerre d’octobre de 1973 ou aujourd'hui à Gaza, au Yémen ou en Iran en est la parfaite illustration.
Cette assistance multiforme de l’Occident a doté l'armée israélienne de moyens technologiques ultra sophistiqués avec, comme fer de lance, des avions de combat de dernière génération qui lui assurent une suprématie aérienne. Ce qui explique les bombardements destructeurs et les massacres inouïs à Gaza, en l'absence de toute défense anti-aérienne.
En Iran, l’aviation de guerre israélienne a causé, là aussi, des dégâts considérables aux infrastructures car les avions israéliens ont détruit, au préalable, par surprise, la quasi-totalité des batteries de défense sol-air, notamment, celle destinées à la haute altitude, laissant à l'aviation ennemie la maîtrise du ciel.
En revanche, sur terre, malgré un déluge de feu ininterrompu venu du ciel, malgré les chars de combat, une puissante artillerie et des effectifs considérables qui ont causé la destruction de Gaza et des massacres en masse effroyables, perpétrés de sang-froid, l'armée israélienne a subi et continue de subir des revers indiscutables. Une poignée de jeunes résistants avec un armement rudimentaire, mus par une foi et une détermination inébranlables ont mis Tsahal à genoux.
Le 7 octobre est passé à la postérité. Il a mis fin au mythe de l'invincibilité de l'armée israélienne. Une épopée qui, de l’avis de nombre d’observateurs, est unique dans les annales militaires. Depuis cette date et ce haut fait d’armes, les commandos et les snipers du Hamas, avec un armement de fortune, produit sur place, infligent des revers et des pertes en vie quasi quotidiennes à l’occupant sioniste.
Depuis près de deux ans, le Hamas fait face avec les modestes moyens du bord à la redoutable machine de guerre israélienne.
On ne peut que déplorer le fait que des pays arabes assistent, sans réagir, à un génocide, une extermination programmée de musulmans sans défense. Plus grave encore, les frontières des pays arabes limitrophes sont restées hermétiquement fermées, empêchant ainsi toute assistance humanitaire à un peuple meurtri, parqué dans une prison à ciel ouvert.
Un peuple démuni qui fait face, seul, dans l'adversité, depuis de longues années, aux affres de la famine, de la maladie, aux exactions et aux crimes les plus abjects.
Israël, avec le soutien indéfectible des Etats-Unis et de quelques pays occidentaux, voire avec la complicité tacite de certains dirigeants arabes, affirme, ouvertement, que son objectif final est de chasser les Palestiniens de leur terre(2).
Pourtant, Israël occupe, déjà, 78% de la Palestine. Les Palestiniens, pour leur part, n’occupent que 22% de leur propre territoire. Et ce n’est pas tout ! Ces 22% sont, d’une part, sous occupation militaire de l’Etat hébreu et, d’autre part, une bonne partie de ces 22% abrite des colonies de peuplement juif. Selon les statistiques officielles, ces colons juifs sont au nombre de 770.000 en Cisjordanie et à Jérusalem est. Et ca continue!
La fiction d’un nouveau Proche-Orient
Dans ses élucubrations, Netanyahou affirme qu’il a jeté les bases pour l'émergence d’un nouveau Proche-Orient. Il ne s'agit là, ni plus ni moins, que d’une fiction. Une vue de l’esprit. Les accords d’Abraham, s’ils venaient à voir le jour, même avec la caution de certains dirigeants arabes, achopperont sur un obstacle de taille : Leur totale incompatibilité avec la religion musulmane. Les oulémas sont déjà vent debout contre ce qu’ils qualifient d'hérésie. Et leurs fatwas rencontrent un large écho dans la rue arabe.
A la base de cette levée de boucliers des oulémas contre les accords d’Abraham, on avance plusieurs versets du Saint Coran et des hadiths authentiques : ‘’Pour Allah, la vraie religion c’est l’Islam’’.(3) Avec Mohammed, sceau des prophètes, toutes les autres religions sont devenues, pour les musulmans, caduques. Allah n’agrée plus que le seul islam.
Cette interpénétration des cultes au motif qu’Abraham serait le prophète de tout le monde, toutes confessions confondues, n’a aucune base religieuse. On peut lire dans le Coran : ‘’Abraham n'était ni juif ni chretien(...)(4). Et Allah, dans un verset qui suit d’ajouter : ‘’O gens du Livre (juifs et chrétiens), pourquoi habillez-vous le Vrai par le faux et dissimulez-vous la vérité que vous connaissez?(5)
Par ailleurs, la tentative de fédérer les lieux de cultes sous l'étendard de la pseudo-religion d’Abraham sera vouée à l'échec. Dans une monarchie du Golfe, on trouve, dans l’enceinte du même complexe, côte à côte, une mosquée, une église et une synagogue. A ce sujet, l’injonction divine est sans appel : ‘’Sachez que les mosquées appartiennent à Allah Seul. N’adorez donc personne en dehors de Lui!’’(6).
Dans un autre verset Allah dit : ‘’O! Vous qui croyez, ne prenez pas les Juifs et les Chrétiens pour alliés. Ils sont les alliés les uns des autres [contre vous]. Ceux d’entre vous qui s’allient à eux seront considérés des leurs. Allah ne guide pas les injustes sur le bon chemin’’(7).
Ce verset signifie que tout musulman qui prend les juifs et les chrétiens pour alliés, s’est détaché de la communauté des musulmans pour rejoindre leur camp.
Dans un autre passage du Coran, Allah dit à l'adresse de Son prophète : ‘’Juifs et chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi tant que tu n’auras pas suivi leur confession, Dis alors : ‘’La direction d’Allah est la seule direction du Salut’’. Si tu suis leurs passions, après avoir reçu la révélation de la science, tu n’auras ni allié ni défendeur contre [le courroux d’] Allah.’’(8).
Si Allah met aussi fermement en garde Son prophète contre toute alliance avec les juifs et les chrétiens que dire alors du sort réservé aux autres musulmans –fussent-ils chefs d’Etat–, s’ils venaient à transgresser cette injonction divine?
Le prophète a bien fait passer le Message divin : ‘’Je vous ai laissé sur le droit chemin, sa nuit est comme son jour, nul ne s’en écarte, sauf les damnés.’’(9).
Cette mise en garde de l'Envoyé d’Allah a été réitérée à plusieurs reprises : Abou Said rapporte que le Prophète a dit : ‘’Vous suivrez le chemin de ceux qui vous ont devancés pas à pas au point que s’ils rentraient dans le trou d’un lézard, vous y rentreriez aussi’’. On lui dit : ‘’O Messager de Dieu ! Tu fais ici allusion aux juifs et aux chrétiens ?’’ Il dit : ‘’A qui d’autre pourrai-je faire allusion ?’’(10)
Les prophéties du Messager d’Allah, toutes ses prophéties –des centaines– se sont réalisées, exactement comme il l’a dit(11). Quand le prophète parle d’un événement futur, c’est comme si un film préenregistré se déroulait devant ses yeux. Le cours du temps s’efface et la séquence temporelle en question se matérialise devant lui. ‘’Le Prophète, quand il prédit quelque chose, ne prononçait jamais des expressions de doute comme ‘’je pense’’, ‘’je suppose que’’, ‘’il se peut que’’ ou ‘’ceci arrivera probablement’’. Au contraire, il parlait comme s'il voyait le passé et le futur sur un écran. Cela signifie soit qu’il possédait un regard très vif capable de pénétrer le passé et le futur en même temps, chose impossible pour tout mortel, soit qu’il était un prophète instruit par l’Omniscient, l’Unique, pour qui le temps et l’espace ne forment qu’un seul point’’(12).
Le Prophète, voilà près de mille cinq cents ans, a décrit avec une précision stupéfiante, la situation actuelle au Proche et Moyen-Orient. Dans cette prophétie, il a annoncé la coalition à venir d’autres nations contre la Oumma islamique. ‘’Thâwban rapporte que le Messager d’Allah a dit : ‘’Bientôt les nations vont se rassembler contre vous comme se rassemblent les gourmands autour d’un festin’’. Un de ses Compagnons lui demanda : ‘’Serions-nous si peu nombreux ce jour-là ? Le prophète lui répondit : ‘’Non, en ce jour, vous serez très nombreux, mais vous serez semblables à de l’écume ; Dieu ôtera des cœurs de vos ennemis la crainte qu’ils avaient de vous et placera dans vos cœurs la faiblesse. Et le Prophète explicita son propos sur cette faiblesse : ‘’L’amour de la vie et la crainte de mourir’’.(13)
Des dirigeants arabes en porte-à-faux avec les injonctions du Coran et du Hadith
Les dirigeants arabes, notamment, ceux de la période postcoloniale n’ont pas tiré, loin s’en faut, les leçons de cet avertissement de l'Envoyé de Dieu.
Pour apprécier –dans le sens d'évaluer– un gouvernant ou un mode de gouvernance, le prophète nous a laissé, là aussi, un outil de mesure, un thermomètre infaillible. Awf Ibn Malik a dit : ‘’J’ai entendu le Messager d’Allah dire : ‘’Les meilleurs de vos gouvernants sont ceux que vous aimez et qui vous aiment, pour lesquels vous priez et qui prient pour vous. Et les pires, sont ceux que vous détestez et qui vous détestent, et que vous maudissez et qui vous maudissent.’’(14)
Transposez ces paroles du Prophète aux gouvernants arabes aujourd’hui et vous serez édifiés. Confrontés à ce hadith, infaillible détecteur de mensonges, les dirigeants arabes, se verront, dans leur quasi-totalité, facilement confondus. Est-il nécessaire de rappeler, une fois de plus, que si ces leaders n’ont aucune chance de réussir ce test, c’est parce qu’ils ont dévié du cap prophétique et se sont donnés à la corruption, à la gabegie, à l'arbitraire et à toutes sortes de transgressions. Que répondent-ils, demain, devant le Souverain Juge?(15)
Pour la pérennité de leurs régimes et pour des considérations bassement mercantiles, ils ont, souvent, collaboré avec l’Occident qui les a transformés en gardiens avilis et zélés de ses intérêts au détriment de ceux de leurs peuples.
Au-delà de cette recherche constante du soutien et des faveurs de l’Europe et/ou des Etats-Unis, les dirigeants arabes sont fascinés par le mode de vie et les coutumes de l’Occident chrétien et leur principale préoccupation devient la course effrénée aux richesses de ce bas monde. Face à cette déferlante marchande, on a oublié que les principes fondamentaux de l’Islam restent, plus que jamais, le seul régulateur de la société face à l’avidité matérielle ambiante.(16)
Pourtant, le Prophète avait mis en garde contre tout ce qui pouvait corrompre ou pervertir les cœurs et les esprits : ‘’Je ne crains pas pour vous la pauvreté, ce que je crains, c’est que la vie étale pour vous ses charmes et que vous vous laissiez subjuguer’’.(17)
C’est ce qui arriva. Divisés et affaiblis, les gouvernants arabes sont devenus, pour beaucoup d’entre eux, des affidés à la remorque d’un Occident qui leur aura volé tous les atouts de leur émancipation.
Les versets coraniques et les hadiths qui précèdent montrent clairement la totale incompatibilité des Accords d’Abraham avec la lettre et l’esprit de l’Islam. Dès lors, quel est ce musulman, quel que soit son rang dans la société qui peut avoir l’outrecuidance de se dresser contre la volonté divine?
Pas de méprise. Le seul ressort qui sous-tend cette affaire des Accords d’Abraham est, une fois de plus, de mettre le monde arabe sous la coupe de l’Occident et d’assurer la pérennité de l’Etat d'Israël.
(À suivre : Israël et la fuite en avant)
Renvois
(1) cf. Le livre de Moussa Hormat-Allah, L’Islam, l’Occident et la violence (Prix chinguitt).
(2) cf. Les nombreuses déclarations à la presse du premier ministre et de certains membres du gouvernement israélien.
(3) Sourate La Famille de Imran, Verset 19.
(4)Sourate, La Famille de Imran, verset 67
(5) Sourate la Famille d’Imran, Verset 71.
(6) Sourate les Djinns Verset 18.
(7) Sourate La Table servie, Verset 51.
(8). Sourate, La Vache, verset 120.
(9). Hadith rapporté par Abou Daoud, Tirmidhi, Ibn Maja et Ahmed, authentifié par Al Albani.
(10) Hadith rapporté par Boukhari et Mouslim.
(11) Le livre de Moussa Hotmat-Allah, Mohammed/Le vrai visage du prophete de l’Islam.
(12) cf. Fethullah Gülen/ Les fondements de la foi islamique.
(13) Hadith rapporté par Abou Daoud et autres. Authentifié par Al Albani.
(14) Hadith rapporté par Mouslim.
(15) cf. Le livre de Moussa Hormat-Allah, Voyage dans l’Au-delà/La vie après la mort en Islam.
(16) cf. Le livre de Moussa Hormat-Allah, Les gouvernants arabes et l’Islam.
(17) Hadith rapporté par Al Bukhari.