
Le secteur de la pêche en Mauritanie traverse une crise profonde et multiforme, marquée par la surexploitation des ressources halieutiques, l’expansion anarchique des usines de farine de poisson, et une pêche illégale persistante, qui menace gravement la durabilité de l’écosystème marin national.
Disparition inquiétante des espèces et raréfaction des petits pélagiques
Depuis plusieurs années, les côtes mauritaniennes – jadis parmi les plus poissonneuses au monde – sont confrontées à une diminution alarmante de la biodiversité marine. De nombreuses espèces, autrefois abondantes, deviennent rares voire absentes des captures.
Les petits pélagiques, essentiels tant pour l’alimentation humaine que pour l’économie nationale, deviennent de plus en plus difficiles à trouver, un signe alarmant de surexploitation.
Le TAC (Total Admissible de Captures), qui atteignait 1.800.000 tonnes, se dégrade considérablement, avec un impact ostensible sur les usines de congélation de Nouakchott et Nouadhibou, dont 60 % sont déficitaires et sur le point de fermer.
Les bateaux et les pirogues, durement touchés par la mauvaise qualité des captures, risquent à leur tour de s’arrêter, exposant des milliers de familles à l’inactivité et à la précarité.
Alerte sur les céphalopodes : une disparition silencieuse
Le poisson céphalopode, une ressource stratégique pour l’exportation mauritanienne, est en voie de disparition, avec une diminution de capture considérable au cours des dernières campagnes.
Ce déclin met en péril une filière entière et menace les revenus de nombreux opérateurs économiques.
Une industrie de la farine de poisson hors de contrôle
L’implantation massive et incontrôlée des usines de farine de poisson est un facteur déterminant de cette détérioration.
Ces usines, attirées par le profit immédiat, transforment des tonnes de poissons entiers – notamment des espèces consommées localement – en farine pour l’exportation, privant le marché national et régional d’une ressource essentielle.
La Mauritanie compte aujourd’hui un nombre d’usines bien supérieur à celui observé dans les pays voisins comme le Maroc, le Sénégal ou la Gambie, ce qui provoque une pression insoutenable sur les stocks halieutiques.
Appel aux autorités suprêmes : il est temps d’agir
Je lance un appel solennel aux plus hautes autorités de l’État pour prendre ce problème à bras-le-corps, avant qu’il ne soit trop tard.
Il s’agit de sauver les potentialités halieutiques du pays, un héritage que nous devons impérativement préserver pour les générations futures.
Abidine Sidaty, opérateur dans le secteur de la pêche (usine de congélation STPH )