
Dans une démocratie moderne, le rôle du député dépasse largement la simple représentation symbolique du peuple. Il s’agit d’un mandat de haute responsabilité, exigeant une maîtrise des enjeux économiques, sociaux et législatifs, une éloquence mesurée, ainsi qu’une capacité à négocier et à proposer des solutions viables aux défis contemporains. Pourtant, dans des pays vulnérables comme la Mauritanie où la gouvernance souffre d’un manque de structuration et de cohérence et où l’endettement, parfois injustifié, pèse lourd sur l’économie locale, la scène parlementaire est marquée par des dérives inquiétantes : populisme outrancier, invectives stériles, instrumentalisation des appartenances tribales et discours incendiaires minant l’unité nationale. Dans ce contexte, il devient impératif d’instaurer un seuil académique minimal pour l’éligibilité au poste de député. Une telle réforme permettrait de barrer la route aux figures traditionalistes déconnectées des réalités contemporaines et aux extrémistes qui confondent la tribune parlementaire avec une arène de confrontation verbale.
L’intellect au service de la nation
Un député doit être avant tout un intellectuel averti, doté d’un bagage académique lui permettant d’appréhender les défis complexes de la gouvernance. En effet, la gestion d’un État nécessite des compétences en Droit, économie, relations internationales, sciences politiques et administration publique. Sans cette expertise, les décisions prises risquent d’être arbitraires, inadaptées et guidées par des considérations émotionnelles ou partisanes plutôt que par une réflexion rationnelle et éclairée.
Les nations prospères se sont ainsi construites sur la base d’un leadership compétent, capable de dialoguer avec les institutions internationales, d’élaborer des politiques publiques efficientes et de défendre les intérêts du pays avec éloquence et rigueur intellectuelle. Dans un pays comme la Mauritanie, où les défis économiques et sociaux sont immenses, il est inconcevable que des élus, souvent dépourvus de formation académique, puissent légiférer sur des sujets aussi cruciaux que la gestion des finances publiques, l’éducation, la santé ou encore les infrastructures.
Nécessité d’une loi sur les critères d’éligibilité
À cet égard, le gouvernement doit impérativement promulguer une loi exigeant des critères académiques stricts pour toute candidature au poste de député. Ainsi, un niveau universitaire minimal – au moins une licence en sciences politiques, en Droit ou dans un domaine pertinent – devrait être requis. Cette mesure garantirait un minimum de compétence et d’aptitude à la réflexion stratégique. Une telle réforme permettrait également de filtrer les candidatures motivées uniquement par des logiques clientélistes ou tribales. Des chefs traditionnels ou des figures populistes accèdent trop souvent au Parlement non pas pour défendre des projets constructifs mais pour asseoir leur influence et perpétuer des rivalités claniques, affaiblissant ainsi l’autorité de l’État et compromettant la stabilité nationale.
Éradiquer le populisme et la vulgarité du débat politique
Un des phénomènes les plus déplorables de la scène parlementaire actuelle réside dans la dérive populiste et la banalisation du langage vulgaire. Censée être un espace de réflexion et de débat argumenté, l’Assemblée nationale se transforme parfois en théâtre d’invectives où l’insulte supplante la rationalité et la surenchère émotionnelle remplace l’analyse critique. Ce climat délétère nuit non seulement à la crédibilité des institutions mais renforce également les tensions sociales et encourage la polarisation. Un député digne de ce nom doit être capable d’argumenter avec rigueur et élégance, en usant d’un langage structuré et respectueux, éloigné des discours haineux et des appels à la division. En conséquence, il devient essentiel de veiller à ce que le Parlement demeure un lieu de dialogue constructif et non une scène de pugilat verbal.
Vers un Parlement à la hauteur des défis nationaux
La Mauritanie ne peut se permettre d’être gouvernée par des élus dénués de formation et de vision stratégique. L’exigence d’un diplôme pour les candidats aux élections législatives apparaît comme une nécessité absolue pour garantir un Parlement compétent, apte à relever les défis du XXIe siècle. Grâce à cette réforme, il serait possible d’élever le niveau du débat public, de restaurer la crédibilité des institutions et d’assurer une gouvernance plus efficace et plus éclairée. En définitive, un État moderne ne se construit pas sur l’approximation et l’irrationalité, mais sur la compétence et le savoir. Il est donc impératif que le gouvernement pose les bases d’un Parlement d’excellence, où l’intellect et la raison triomphent sur la médiocrité et la cacophonie populiste.
Eleya Mohamed