
Dimanche 13 Avril, vers 21h, quartier Médina 3 qui jouxte les jardins maraîchers, un peu au Sud du Centre hospitalier national et à côté de la SOBOMA, voici le jeune Ahmed Vall assis devant sa maison familiale au bord de l'axe goudronné, affairé à manipuler son téléphone. Nuit noire, rue déserte… Soudain trois djenks se dirigent vers lui, pointant leur couteau. L'un d'eux se tient à l’écart, tandis que les deux autres s’attaquent au gosse et le délestent de son téléphone. Mais le gamin s’énerve et commence à leur balancer des projectiles. Un des voyous est touché à la tête. Alerté par le bruit de la bagarre, Hamed, l'oncle maternel d’Ahmed, sort de la maison familiale et intervient, bâton en main. Les deux agresseurs prennent leurs jambes à leur cou, poursuivis par l’oncle et son neveu qui n’ont pas remarqué le troisième larron planqué dans l’obscurité. Celui-ci déboule dans le dos du tonton, le poignarde et s’enfuit, quoiqu’il ait pris un coup de bâton sur la tête. Blessé quant à lui entre les côtes, Hamed n’a rien senti sur le coup et tente de rejoindre son neveu qui a poursuivi la chasse... avant de s’écrouler dix mètres plus loin. Ahmed Vall revient l'aider à se remettre debout et se propose de l’amener à l’hôpital. Mais, ne constatant aucun saignement, le tonton dit que ce n'est pas grave et ils rentrent tous les deux au logis. Malheureusement, le coup avait en réalité provoqué une terrible hémorragie interne et, lorsqu'on s’est enfin rendu compte de la gravité de la blessure et qu’on se soit hâté à évacuer Hamed aux urgences du CHN, c'était trop tard : il était déjà mort... Quant aux bandits, ils étaient déjà loin.
Attente du constat
Le cadavre est aussitôt été transféré à la morgue de l’hôpital devant laquelle va s’assembler une énorme foule de parents, amis, voisins et connaissances de la victime. Il a fallu cependant attendre plus de trois heures avant de voir arriver le substitut du procureur de la république de la wilaya de Nouakchott Ouest, tandis que le médecin légiste tardait de son côté à conclure l’autopsie. L’inhumation du cadavre ne fut ainsi autorisée qu’aux environs de 1h 30 et le cortège mortuaire se rendit alors à la mosquée du Carrefour du 24 Avril… pour se rendre compte, arrivé là-bas, qu’on avait oublié d’emmener le papier de réquisition ! Et les préposés au lavage du défunt de refuser en conséquence d’effectuer leur tâche tant que ledit document ne leur serait été exhibé… Alors que le médecin légiste n'avait enveloppé le cadavre que dans un simple sac, le corps est donc resté sans lavage jusqu'à 4h du matin, heure à laquelle la police a enfin accepté d'envoyer quelqu'un convaincre les responsables de la morgue qu'une réquisition avait bel et bien été établie. Du coup, l’enterrement ne s'est achevé qu’à l'aube.
L'enquête
Lorsque le jeune garçon avait quitté son oncle qui souffrait en silence, pensant n'être que légèrement blessé, il comptait se rendre au commissariat pour déclarer l’agression. Croisant en chemin une Toyota Land Cruiser de la police, il en informa les deux agents armés qui étaient à son bord, en précisant que les criminels devaient être toujours dans les jardins, puisque les faits ne dataient que de quelques minutes. Et les condés de rétorquer qu’ils ne pouvaient pas prendre le risque d'entrer en ces lieux... Pour finir, il avait donc fallu attendre, comme dit tantôt, l’arrivée du substitut du procureur accompagné par le directeur régional pour que soit lancée l’enquête.
Les enquêteurs ont longuement interrogé Ahmed Vall pour essayer de dresser un portrait-robot des agresseurs, avant d’obtenir, la même nuit, une piste intéressante, avec la déclaration d’un taximan affirmant avoir pris à son bord trois types qui parlaient d'un homme poignardé depuis peu et qu’il avait déposés à Riyad. Mais après vérifications, il s'est avéré qu'il s'agissait d'une autre affaire...
Cinq jours ont passé sans autres nouvelles. Vendredi matin, le directeur régional est venu avec une délégation mandatée par la Présidence présenter ses condoléances à la famille du défunt et annoncer une très prochaine avancée de l’enquête. En effet, c’est dès le lendemain que le commissariat de Sebkha 3 convoquait Ahmed Vall pour le confronter à un groupe de suspects. Et le jeune homme de reconnaître parmi eux un de ses agresseurs ! Dimanche, la police a arrêté un second suspect au moment où il allait s'embarquer à bord du bac pour fuir au Sénégal. Il est actuellement en route vers Nouakchott. « Le troisième sera bientôt épinglé », affirme une source crédible de la police.
Mosy