
Le chargé officieux de notre région
Mohamed-Allou ne cessait de faire son petit bonhomme de chemin au sein du pouvoir de son parent président. Progressivement, il deviendra son conseiller de l’ombre le plus écouté. En si peu de temps, il deviendra son unique chargé d’affaires de notre région, le Trarza. Seul le super-politicien, celui qui a traversé tous les régimes de notre pays depuis l’indépendance et même avant, avait réussi à percer un trou de passage vers la présidence en contournant le mur de Berlin dressé par le puissant Mohamed-Allou.
Le coureur des voiles parfumés
Après les élections, je l’avais rencontré à quelques reprises. Je lui avais rendu visite dans sa chambre dans la maison des parents de sa première femme appartenant à une famille d’un notable de sa grande tribu. D’ailleurs, il se donnait le malin plaisir de faire des foyers, séparés parfois de quelques mois, voire des fois de quelques semaines, avec des filles de notables généralement appartenant à la tribu du président ou celles pivotant autour.
En présence du super flic de la république
Il était assez lié à un ami qui semblait plus âgé que lui. A quelques reprises ; je prenais le thé avec eux chez lui après un succulent tagine matinal à l’Adraroise. Souvent il était accompagné par cet ami intime qui semblait être marqué par un cachet spécial. Ses yeux, au regard perçant, prêtaient attention au moindre détail. Je ne me rendais pas compte que Mohamed Allou évitait systématiquement de me présenter à cet ami d’apparence assez spéciale. De même que je ne me rendais nullement compte qu’il évitait aussi de prononcer mon nom en sa présence.
Le nom qui dérange
Il a fallu une maladresse de la petite et mignonne dame, sa femme, pour tout mettre à nu. Elle m’appela une fois par mon nom devant l’hôte en question. Son mari était absent en ce moment. Le bonhomme réagit aussitôt: « Ah bon: c’est toi Cheddad ! », avant d’ajouter « et pourquoi tel ne te présente pas à moi ?!».
Son émotion débordante cachait mal sa grande joie de me découvrir. Un petit moment après Mohamed-Allou rentra dans la chambre. Son ami s’adressa immédiatement à lui sur le ton de quelqu’un qui a l’habitude de lever la voix et de se faire entendre : « Mais pourquoi tu ne m’as jamais dit que c’est Cheddad qui nous tenait compagnie ici ?! ».
Manifestement Allou fut bouleversé au plus haut point par la question de son ami. Il était confus dans sa réponse.
J’avais appris juste après que l’ami en question n’était autre que le super flic le commissaire DX, celui qui fera beaucoup parler de lui plus tard. Il appartenait à une grande famille de la tribu du président.
L’appréciable rôle d’un directeur politique de campagne
Curieusement son flair de super flic n’avait pas fonctionné pour ce qui est de mon propre cas. Tout indiquait qu’il faisait partie du comité tribal qui était chargé du suivi et de l’encadrement des élections à Lekhcheim.
D’après un ami appartenant à cette tribu, tous ses parents appréciaient au plus haut point mon rôle dans le succès de la liste de leurs parents de Lekhcheim.
Le divorce après un amour contrarié
C’était la première fois et certainement la dernière fois que je rencontre ce superflic de la République. Un peu plus tard, suite à une succession rapide des événements, ma relation avec Mohamed-Allou sera soumise à une rude épreuve. Elle ne survivra pas à la tension intercommunautaire des années 1989-1991.
(À suivre)