La Mauritanie, un pays en développement d'Afrique de l’Ouest, fait face à un défi majeur : un taux de chômage élevé, particulièrement parmi les jeunes. En réponse à cette situation, l'auto-emploi émerge comme une alternative de plus en plus envisagée pour stimuler l’économie et offrir des opportunités professionnelles. Il représente la capacité de fonder son propre emploi, en lançant individuellement  ou sous forme de micro-entreprise une activité personnelle. Cet article explore les enjeux, les opportunités et les défis de l'auto-emploi en Mauritanie.

 

Le contexte économique et le chômage en Mauritanie

Bien que riche en ressources naturelles, notamment en fer, cuivre et pétrole, la Mauritanie souffre d’une forte dépendance à ses industries extractives, avec une diversification économique encore limitée. Cette situation provoque un déséquilibre sur le marché de l'emploi où la majorité des jeunes diplômés peinent à trouver des emplois fixes dans le secteur formel. Selon les dernières statistiques, le taux de chômage dans le pays reste élevé, en particulier parmi les jeunes de moins de 30 ans qui représentent une proportion significative de la population active.

 

Les avantages de l'auto-emploi

Liberté et indépendance financière : l'auto-emploi permet de rompre avec la dépendance à un employeur et offre une plus grande liberté. En devenant entrepreneur individuel, les jeunes Mauritaniens peuvent fixer leurs propres horaires et définir les objectifs de leur entreprise. Cela permet également de générer des revenus personnels, avec un potentiel de croissance à long terme. Réduction du chômage : en l'absence de nombreuses offres d'emploi formelles, l'auto-emploi devient un moyen important de lutter contre le chômage. Il offre aux jeunes, mais aussi aux femmes et aux populations rurales, une chance de produire localement de la richesse. Par exemple, les secteurs de l’agriculture, de l’artisanat, de la vente de produits locaux et même des services numériques peuvent se prêter facilement à la fondation d’entreprises indépendantes.  Innovation et dynamisme de l'économie locale : l'auto-emploi encourage l'innovation. De plus en plus de jeunes mauritaniens s’investissent dans des secteurs modernes comme la technologie, les services numériques, la production artisanale, l’agro-business et la gestion d’entreprises à petite échelle. Cela permet de diversifier l’économie, de répondre à des besoins locaux non satisfaits et de produire des emplois indirects dans les communautés.

 

Les défis à surmonter

Manque de financement et d’accompagnement : l'un des plus grands obstacles à l'auto-emploi en Mauritanie demeure le manque d'accès aux financements. Les banques locales sont souvent réticentes à accorder des prêts aux jeunes entrepreneurs, notamment en raison de la faible culture entrepreneuriale et du manque de garanties. L’absence d’un écosystème robuste de soutien à la fondation d’entreprises rend également la tâche plus difficile. Accès limité à la technologie et à la formation : les jeunes ont rarement accès à des formations sur la gestion d’entreprise, le marketing, la comptabilité, ou même les aspects juridiques liés à la fondation d'une entreprise. Si l’auto-emploi peut être une porte vers l’indépendance, la digitalisation reste encore un défi. De nombreux jeunes manquent de compétences numériques avancées et l’accès à Internet reste limité, notamment dans les zones rurales. Le gouvernement et les organisations non gouvernementales (ONG) doivent faire plus pour promouvoir la formation dans des domaines-clés tels que l’informatique, la gestion des ressources humaines et les compétences entrepreneuriales. L’informalité et les risques liés à l’absence de régulation : une part importante des entreprises fondées dans le cadre de l’auto-emploi opère dans l'informalité, ce qui engendre des risques juridiques et économiques. La précarité de ces activités peut limiter leur développement. En outre, l'auto-entrepreneur peut se retrouver, sans un cadre juridique solide, à court d’options pour résoudre des litiges commerciaux ou faire face à des difficultés financières.

 

Les opportunités sectorielles pour l'auto-emploi en Mauritanie

L’agriculture et l’agro-industrie : la Mauritanie dispose d’importantes terres agricoles et des ressources naturelles. Le secteur de l’agriculture représente une source potentielle d’auto-emploi, notamment dans la culture des légumes, l'élevage et la transformation des produits agricoles. De plus, la demande pour des produits alimentaires locaux de qualité dans les marchés urbains augmente, ouvrant la voie à des initiatives en agro-industrie. Les technologies de l'information et de la communication (TIC) : avec la vulgarisation de l'Internet et des téléphones mobiles, les TIC offrent de nouvelles opportunités pour les jeunes entrepreneurs. Le développement d’applications mobiles, le e-commerce, la programmation informatique, ainsi que la gestion des réseaux sociaux pour les entreprises locales, sont des niches de plus en plus populaires pour l’auto-emploi. L’artisanat et le tourisme : la Mauritanie dispose d'un riche patrimoine culturel qui peut être mis à profit pour développer des activités artisanales (tissage, poterie, bijouterie…) et des services touristiques. L’artisanat local peut constituer un excellent moyen d’exporter des produits uniques à l'international, tout en stimulant l’économie locale.

 

Les initiatives publiques et privées pour encourager l'auto-emploi

Certains efforts ont été faits pour encourager l'auto-emploi en Mauritanie. Le gouvernement a mis en place des programmes comme le Fonds d'Appui à la Création d'Entreprises (FACE) qui vise à offrir des financements et des formations aux jeunes entrepreneurs. Des institutions comme la caisse de financement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) apportent également du soutien. Par ailleurs, des initiatives privées et des ONG se consacrent à la formation des jeunes et à l’établissement de réseaux de mentors et d'entrepreneurs pour renforcer les capacités locales.

En somme, l'auto-emploi représente une solution viable pour lutter contre le chômage et promouvoir l'entrepreneuriat en Mauritanie. Pour que ce secteur se développe de manière pérenne, il est toutefois crucial que les jeunes entrepreneurs bénéficient de financements, d'un meilleur accès à la technologie et d'une formation adéquate. Il est impératif que les autorités et le secteur privé continuent de collaborer pour susciter un environnement favorable à la fondation d'emplois durables. Si ces défis sont relevés, l'auto-emploi pourrait devenir un pilier de l’économie mauritanienne, en contribuant à sa diversification et à son développement.

 

Babacar Diop

Coach d’entreprise chargé de cours

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